Myths Part 1- SST Laval

LES MYTHES DE LA MUSCULATION – PARTIE 1

Brian Cushing, des Texans pratique la musculation depuis l’adolescence et mesure 6 pieds 3 pouces. Aussi, tout en étant très musclé, il a couru un 4.64 secondes à son 40 verges lors de son pro day. Il ne pratique jamais de levers d’haltérophilie.

Dans ma chronique de ce mois-ci, je vais parler de 4 mythes en relation avec l’entrainement en musculation qui perdurent depuis trop longtemps. Ces mythes sont souvent le fruit de ouï-dire, d’informations mal rapportées dans les médias ou simplement de croyances populaires. Ceux auxquels je vais m’attaquer dans cette première partie ont tous été étudiés et c’est avec l’aide de ces faits scientifiques que je vais les réfuter.


1 – LA PRATIQUE DE LA MUSCULATION REND UN ATHLÈTE PLUS LENT

Cette croyance existe depuis aussi longtemps que les gyms existent. Plusieurs dizaines d’études ont prouvé le contraire depuis des décennies. Le fait de devenir plus fort en levant des poids pour un athlète est la première étape pour devenir plus rapide et plus explosif. Avec un choix approprié d’exercices, comme le squat, les levers olympiques, le bench press, etc, n’importe quel joueur de football peut améliorer ses qualités athlétiques.

Parmi toutes les études qui ont été publiées à ce sujet, une récente a étudié la combinaison d’un entrainement de sprint combiné à des exercices de musculation lourds et plus légers de nature explosive (Cristea, A. et al. 2008). Ce qui est intéressant de cette étude est qu’elle a été réalisée avec des athlètes de haut niveau déjà bien entrainés. Les sprinters soumis aux protocoles de musculation ont vu leurs temps améliorés. Le sprint étant une discipline proche du football de par sa durée et sa nature explosive, je crois que ces résultats sont intéressants pour les athlètes de football.


2 – LA MUSCULATION FREINE LA CROISSANCE DES JEUNES ATHLÈTES

Ce mythe est de loin mon préféré. Il fait très peur aux parents et aux coachs (avec raison) et il perdure depuis plusieurs décennies. Depuis près de 15 ans les pédiatres et les chercheurs en physiologie se sont penchés sur la question. En 2001, la American Academy of Pediatrics publiait dans un épais rapport que la musculation ne nuit pas au développement de la croissance et des os chez les jeunes adolescents. Ce regroupement de pédiatres doit analyser toutes les études qui ont été faites sur le sujet, et ils n’ont pas pu trouver de preuves suffisantes pour appuyer ce vieux mythe. En fait, quelques nouvelles études semblent même prouver que la pratique de la musculation à l’adolescence permettrait de bâtir une densité osseuse plus élevée, ce qui aiderait à prévenir les blessures. Ceci dit, un adolescent devrait toujours être suivi en musculation et suivre un programme qui respecte le développement normal d’un jeune athlète.


3 – LES LEVERS OLYMPIQUES SONT LES SEULS LEVERS QUI PEUVENT RENDRE UN ATHLÈTE PLUS EXPLOSIF

L’étude que j’ai citée au premier point (Cristea A. et al. 2008) est l’une des très nombreuses études qui ont prouvé que la combinaison de musculation et d’exercices de types explosifs comme la plyométrie pouvaient avoir des répercussions positives sur les performances athlétiques. De plus, plusieurs joueurs de football ne peuvent pratiquer les levers olympiques de manière sécuritaire, soit à cause de vieilles blessures aux poignets ou aux épaules, parce qu’ils ne peuvent pas laisser tomber les poids là où ils s’entrainent ou simplement parce que ces levers sont complexes et qu’ils ne savent pas comment les exécuter. J’ai côtoyé et entrainé au cours de ma carrière plusieurs athlètes qui sont arrivés à améliorer leur explosion sans l’aide de l’haltérophilie, au football comme dans plein d’autres sports. L’haltérophilie demeure un excellent outil pour développer un athlète, mais il est loin d’être le seul.


4 – UN JOUEUR DE FOOTBALL DOIT ACCORDER BEAUCOUP D’IMPORTANCE À L’ENTRAINEMENT DES ABDOMINAUX

La manière d’étudier l’impact d’un exercice donné sur les muscles que ce dernier est supposé travailler est d’installer un EMG, ou un électromyogramme sur les muscles. À la manière d’un électrocardiogramme pour le cœur, le EMG donne une mesure de l’activité musculaire. Lorsqu’on a étudié l’activité des muscles abdominaux lors de divers exercices, il a été remarqué que l’un des exercices qui sollicitait le plus les abdominaux était les chin-up (ou les tractions à la barre). De plus, les obliques (les abdominaux situés de chaque côté du tronc) sont plus sollicités durant les levers olympiques que lors de l’exécution de la majorité des exercices d’isolation des abdominaux. Aussi, une étude réalisée en 2008 (Nesser et al.) sur des joueurs de football NCAA Division 1 voulait mesurer l’impact de la stabilité et de la force des abdominaux sur les tests combine classiques. Les résultats de l’étude ont démontré que l’augmentation de la force et de la stabilité des muscles abdominaux ne contribue que très peu à la performance sportive et ne devrait pas être la priorité d’un entrainement de force.

Je ne suis pas en train de dire qu’il n’est pas nécessaire d’entrainer les muscles abdominaux car cela a sa place. Par contre, il faut comprendre que les abdominaux sont travaillés par plusieurs autres exercices que les redressements assis ou les crunchs. Il faut simplement éviter les entrainements basés sur les abdominaux au détriment des autres muscles, surtout ceux au cours desquels on doit réaliser des exercices de pectoraux, d’épaules, de biceps et autres sur des ballons suisses. Pour citer un de mes athlètes, on doit laisser les entrainements de cirque aux athlètes de cirque.

Je souhaite une bonne nouvelle année à tous les lecteurs de Versus. J’espère que vos résolutions seront un meilleur squat et un meilleur bench press pour 2012!